mardi 23 août 2005

Amour et printemps



J’aime les gares oubliées comme j’aime les épaves des bateaux ou les immeubles condamnés. Je les aime parce que dans l’air, sous les marquises, je devine l’empreinte des baisers aux soldats, le mouvement des mains agitant des mouchoirs, les larmes des départs et, dans le meilleur des cas, celles des retrouvailles. Je les aime parce que sur le quai, où poussent désormais des herbes folles, mêlées aux cris des bêtes et aux coups de sifflet, les joies et les peines en allées résonnent toujours, lointaines, comme une valse de salon sur le pont briqué du Normandie.
Il y a là, comme dans les eaux du port de New York, des ombres qui ne veulent pas mourir tout à fait et qui attendent, silencieuses et sages, la promesse d’un voyage. Voyage au long des flots, au bout de rails rouillés devenus inutiles, mais qui les conduiront où conduisent les rails, où vont les fleuves : au cœur des villes où sont les Hommes et leurs bêtes, les larmes et les mouchoirs, les joies et les baisers.

Visiter les gares oubliées de Pascal.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Dis voir, les herbes qui poussent dans les gares, je te conseil de ne pas les fumer...C'est mal !!! et ca casse le cerveau en deux.

Anonyme a dit…

Super les photos de gares oubliées, mais ou ont-elles été prises?
Très bon texte aussi.