dimanche 25 novembre 2007

Montre en main

Je n'écris presque jamais sur ma vie quotidienne. Sans doute n'est-elle pas moins importante que celle de n'importe qui, mais elle ne l'est à coup sûr pas davantage. Peut-être n'est-elle seulement pas aussi riche, ni aussi trépidante que celle de certains. J'aurais mauvaise grâce à m'en plaindre puisque, au bout du compte, cette vie-là, c'est celle à quoi j'ai consenti, celle que j'ai construite et, qu'il me plaise ou non de le penser, celle que j'ai choisie. Chaque jour y ressemble à s'y méprendre à celui qui le précède et les seules véritables variations qu'on y peut observer tiennent aux circonstances plus qu'à ma volonté. Si je n'en parle pas, ce n'est pas par souci de discrétion. C'est juste que je ne sais pas raconter les choses ordinaires, et que ce type de récit qui peut me captiver chez d'autres, lorsqu'il touche ma propre existence, me semble de bien peu d'intérêt.

Une journée-type se déroule comme suit.

La radio se déclenche une minute avant le journal de 7 h 30 de France Inter. Malgré cette précaution, je ne me réveille pas avant 7 h 40. Sitôt sorti du lit, j'allume une cigarette et je descend au séjour ouvrir la porte qui donne sur la cour afin que l'employée de maison, qui arrive aux environs de 7 h 45, puisse entrer. Je remonte alors à l'étage où, après avoir rêvassé dix bonnes minutes, je fais ma toilette et je m'habille. Je redescends alors prendre mon petit-déjeuner et mon comprimé de Paroxétine. Il est à peu près 8 h 20.
Vers 8 h 45, soit avec quinze bonnes minutes de retard, j'arrive à l'imprimerie où j'adresse un bonjour maussade à mes frères (dont la moue indique clairement que je suis en faute) et à mes collaborateurs. La matinée se passe en travaux divers, cafés et pauses cigarette.
À 12 h 30, je rentre déjeuner à la maison. Le cas échéant, je fais un détour par le centre ville pour aller chercher ma mère qui m'aura immanquablement prévenu à 12 h 20. Le repas est pris en quinze minutes, en écoutant Le Jeu des mille euros, toujours sur France Inter. À 13 h, je monte m'allonger jusqu'à 13 h 50. J'écoute de la musique pour ne pas m'endormir. Parfois, quand la saison est fraîche, la chatte vient se lover contre moi.
Après un café rapide, je retourne à l'imprimerie. Il est 14 h 03. L'après-midi se passe en travaux divers, cafés et pauses cigarette. Parfois, quelques conversations avec mes collègues émaillent la journée. Il y est surtout question de politique locale ou de faits divers.
À 18 h 30, je rentre à la maison. Depuis l'accident cérébral de papa, nous dînons tôt (vers 19 h 30), ce qui lui permet de regarder ensuite les actualités nationales sur France 2. Quand il a terminé, j'aide maman à le coucher.
Je ne commence à m'appartenir vraiment que vers 21 h, heure à laquelle je m'affale devant la télévision ou, plus souvent, devant l'écran de mon ordinateur. Là, je discute de choses essentielles avec quelques personnes de qualité qui, pour finir, vantent mon humanité et s'accordent d'ordinaire à me donner raison. Il est enfin 23 h 15 et je téléphone alors à mon compagnon qui vit à 200 kilomètres de moi. Je suis triste.
C'est l'heure du coucher. Je fume une dernière cigarette avant la toilette du soir, puis je m'allonge sous la couette en attendant, souvent longtemps, de m'endormir.

Voilà. Il y a bien sûr quelques variantes le week-end, avec des courses dans les magasins, à la pharmacie, ou des visites chez le coiffeur, une expo photo de temps à autre (une association locale en propose de remarquables), presque jamais de cinéma. Il y a aussi quelques passages chez les trop rares amis qui vivent encore ici. Ceux qui sont partis ont peut-être pensé qu'ailleurs ce serait différent… Je crois surtout que le principal charme des ailleurs est de ne pas être ici.
Mais moi, avec mon réveil réglé sur 7 h 29 et le coup de fil triste de 23 h 15, est-ce que je ne suis pas ici à l'ailleurs de partout ?

dimanche 18 novembre 2007

Mastic



« L'Empire des signes

En créant un « espace » d'échanges affranchi des limites physiques de la matière et du temps, Internet a imposé la nécessité d'une nouvelle géographie. L'outil est devenu l'endroit, et de la masse incroyable des câbles et des machines a émergé un nouveau continent, un supra-continent qui est aussi un nouvel empire. Là, le matin et le soir n'ont pas davantage de sens que le kilomètre ou le gramme ; le soleil ne se couche pas plus que la nuit ne prend fin. Les lois qui régissent l'univers sont ici sans objet.

Il aurait fallu inventer un nouveau langage pour décrire ce monde qui, précisément, n'en est pas un. Au lieu de cela, par facilité — par mimétisme, nous avons choisi d'imposer les codes de notre réalité à celle des machines : les écrans ont désormais des bureaux, les fichiers ont un poids, les ordinateurs ont des adresses… Ainsi, l'avènement du réseau mondial devait également être la dernière colonisation du XXe siècle : celle du continent numérique. Une colonisation propre, sans cris, sans protestation, sans odeurs de cadavres, mais animée de la même volonté pseudo-civilisatrice de domination des consciences, puisque Internet impose partout les mêmes gestes, la même réalité, la même culture.

Comme toujours, le maléfice est enchanteur et la perception l'emporte sur la vérité. On décrit volontiers le réseau comme un espace libertaire et chacun croit tenir à sa disposition un outil lui permettant de manifester sa singularité ou de promouvoir sa culture. Mais quelle singularité peut-on manifester quand on fait comme tout le monde, avec les mêmes outils que tout le monde, avec les mêmes contraintes ? Et quelle autre culture peut-on mieux promouvoir par Internet que celle d'Internet lui-même ? »


J’en étais là de ce texte compliqué à construire, lorsqu’une terrible tristesse s’abattit sur moi. Pour qui étais-je en train d’écrire ? Pour qui cela serait-il important ? Si c’était pour moi, quel besoin avais-je de rédiger avec acharnement ce qui était parfaitement clair dans mon esprit ? Était-ce pour partager mon point de vue ou en garder la trace ? Ç’eût été me donner bien de l’importance. Était-ce pour me donner de l’importance ? Ç’eût été bien vain.

Les gens qui lisent mes textes sont toujours un peu les mêmes : ils savent à quoi s’en tenir. Ils connaissent cet amour maladif des adverbes qui est la marque visible de ma maniaquerie, ce qu’avec mansuétude on appelle « un esprit exigeant ». Ils savent comment opère ma séduction, dénonçant le mensonge et méfiante des artifices, mais sournoise et pénétrante, pétrie de jolies phrases et de bons sentiments.

Je me sentis comme foudroyé par la vanité de ma tâche. Amené, une fois de plus, à décrire l’intangible inhumanité des Hommes, je fus réduit au silence par l’impossibilité de m’y soustraire et de la combattre. Il m’apparut avec une évidence plus grande encore que je ne pourrais pas gagner, ni contre moi-même, ni malgré les autres, que rien ne saurait plus empêcher le désastre à venir, et certainement pas ma voix infirme dont les maigres talents dissimulent bien mal la lourde insignifiance.

Je me sentis mécontent de moi-même, de mon incapacité à peser sur le réel, de ce brouillard de mots qui s’appliquait moins à convaincre qu’à camoufler mon inutilité. Je me sentis laid comme jamais, misérable et vain, trop orgueilleux dans mon silence pour y être véritablement humble, trop anéanti dans mon orgueil pour ne pas être silencieux. Je me sentis seul car tu n’étais pas là, et dans l’œil du chagrin qui m’emporta soudain, je m’avisai que j’étais nu.

mercredi 14 novembre 2007

This Love Affair

Je n'aurais jamais cru que quelqu'un que j'ai si peu connu, si mal connu, puisse me manquer à ce point. Je n'aurais jamais imaginé que j'aurais tant de mal à tourner la page de ce qui ne fut pas même une histoire.

Que restera-t-il de tout cela ? Le souvenir d'une journée, d'un rhume, d'une longue promenade à travers des rues dont j'ai presque oublié les noms. Quelques conversations, à peine une confidence ou deux, des mots infiniment ordinaires qui avaient achevé de me persuader que tu étais mon ami et que, quoi qu'il advienne, tu le serais toujours.
Alors je t'ai aimé. Tu ne m'as jamais donné l'occasion de te le dire, de te convaincre que c'était vrai, simplement vrai, qu'il n'y avait rien de désespéré dans cet amour-là, rien d'illusoire, que c'était juste là, comme ça, que chaque jour ma première pensée du matin était pour toi et chaque soir, comme ce soir, comme alors, mon premier rêve.

Est-ce que je dois te raconter les heures de ton silence et combien il m'a fait souffrir ? Je ne suis même pas sûr que tu y croirais, que tu voudrais y croire, que tu voudrais vivre avec ça. Et puis je ne vois plus bien l'utilité de t'embarrasser avec ça. Ça changerait quoi ?
J'aurais voulu que tu meures. Pas vraiment bien sûr, pas comme au cinéma. Je voulais tuer le souvenir, ce caniveau de mémoire où tu m'avais quitté. J'étais malheureux. Ça n'avait pas grande importance que tu ne m'aimes pas — le contraire m'aurait surpris. Mais je n'aurais jamais cru que tu puisses si bien, si totalement m'anéantir, m'effacer de ta vie, de ton cœur et du monde parce que je t'aimais. Ça non, je ne m'y attendais pas. C'est pour ça que ça m'a fait si mal et si profondément. C'est à partir de là que j'ai voulu ta mort.

Est-ce qu'on décide ce genre de choses, aimer, oublier ? Tu vois, je n'ai pas pu m'y résoudre. J'ai continué la promenade seul. Un autre bus, un autre amour s'est présenté. Je suis monté et je me suis assis. Je pourrais dire que je pardonne, que l'eau et le temps ont passé. Mais je ne vais pas te mentir : je ne l'ai jamais fait. Oui je t'en veux, aussi terriblement que j'ai souffert. Je regrette un ami que j'avais, que je croyais avoir. Je regrette son rire ridicule, sa brusque drôlerie, son regard perçant et juste, jusqu'aux enfermements de ses heures mauvaises. Je regrette le « Écoute, je t'apprécie beaucoup mais, je suis désolé, ça va pas être possible » que tu m'aurais dit, et on en serait resté là. Et tout serait redevenu comme avant. Comme quand on regardait les mecs en costard qui frimaient en passant devant la gare du Nord. Comme quand tu me dévisageais dans le RER la première fois. Comme quand on marchait sur le cours de Vincennes (ça me revient), côté nord, à l'opposé de la rue du Rendez-Vous.

dimanche 4 novembre 2007

Titanic



Démocratie : le mot est tellement gros qu'ils en ont plein la bouche. La démocratie est devenu le dernier jouet à la mode autour duquel se rassemblent tous les populismes : celui de l'administration néo-conservatrice américaine qui voit en elle un remède à l'instabilité du monde, celui de la droite française qui tient une victoire pour un blanc-seing, celui des blogueurs qui usent la liberté d'expression jusqu'à la trame du néant, celui de la télé-réalité qui donne à croire aux spectateurs que leur mauvais goût les autorise à distinguer entre les médiocres. Et tant d'autres fous, plus ou moins dangereux, qui bâtissent leurs empires sur le sable des émotions collectives, bien plus malléable mais tellement plus instable que le ciment de la raison.

La vengeance devient justice, le désir amour et la colère détermination. Les mots perdent leur sens et se confondent, ouvrant une brèche sur le terrible. L'humanité ne déçoit pas : avec elle le pire est toujours certain.

Les démocraties modernes sont devenues des dictatures molles dont l'opinion est le tyran. Un tyran manipulable à loisir, dont il suffit de flatter le sens des responsabilités ou d'agiter les peurs pour en obtenir ce qu'on veut. Les mauvais parents font de bons gouvernants, les ruraux enclavés des experts en matière d'immigration. Au nom de l'égalité, on place sur un même pied l'avis du savant et celui des imbéciles, excitant chez les seconds — de loin les plus nombreux — la haine des élites. L'expérience individuelle est valorisée aux dépends de la connaissance, l'impression et le sentiment aux dépends du savoir. Pour ne laisser personne sur le bord de la route, il est au fond tellement plus simple d'y mettre tout le monde.

La démocratie telle qu'on l'entend aujourd'hui n'est pas un régime politique. Elle se résume à être l'outil de l'expression populaire. Elle n'est porteuse d'aucune des valeurs fondamentales sans lesquelles son exercice se résume à un choix conduit par la seule émotion, par le seul instinct. Elle est devenue, selon le mot célèbre de Churchill, « le pire des régimes », un régime sans âme où la distance et l'analyse n'ont plus leur place, où seule compte la réactivité, où le personnel politique n'est plus jugé sur sa capacité d'anticipation mais sur son adhésion au réel, où les programmes de télé-réalité initient les masses aux vertus du licenciement sec, où Internet suffit pour avoir une tribune et avoir un avis pour être compétent. Un régime où tout ce qui est complexe paraît suspect, où les libertés individuelles sont devenues les ennemies de la sécurité et de la paix sociale, où les communautarismes, derniers refuges de l'irrationalité, divisent et séparent les hommes, créant autant de distinctions dangereuses et mortifères. Mais une société qui privilégie ainsi l'instantanéité sur l'effort, la peur sur la curiosité, le sentiment sur la sagesse, cette société-là ne mérite peut-être pas de survivre. Quelle importance après tout, si nous coulons tous ensemble ?

jeudi 1 novembre 2007

À vendre

En parcourant mes archives, j'ai retrouvé ce texte écrit il y a près d'un an et demi. À cette époque solitaire, je songeais pour la première fois à m'inscrire sur un site de rencontres. Pour bien faire, il fallait rédiger en quelques lignes un portrait destiné à se présenter. D'emblée, je me rendis compte qu'il serait imprudent d'y mentir : si j'étais amené à rencontrer l'une ou l'autre des personnes qui ne manqueraient pas de me contacter, toute imposture serait vite dévoilée. Il fallait donc d'être sincère, je voulus faire davantage : il ne suffisait pas de ne pas mentir, encore fallait-il ne rien dissimuler.

Maquettiste sur écran en imprimerie, passionné de théâtre, de cinéma, de musique et de poésie, je cherche l'homme qui pourrait partager ma vie dans le cadre d'une relation fondée sur la fidélité, la complicité et le partage. D'humeur changeante et volontiers mélancolique, désespérément non sportif, j'aime les rapports humains simples et les conversations serrées.

L'accident vasculaire cérébral de mon père, il y aura bientôt 10 ans, m'a conduit à rester auprès de mes parents afin de prendre soin d'eux. Ce choix que j'ai fait seul, sans subir aucune pression de la part de mes proches, a eu pour conséquence de me priver d'une vie personnelle et affective dont j'ai cru, à tort, pouvoir me passer sans en ressentir le manque. Sur le plan professionnel, au terme d'études me destinant à une carrière d'enseignant, j'ai dû me résoudre, toujours par souci de proximité (et sans doute aussi par facilité), à intégrer l'entreprise familiale dirigée par mes frères. J'y occupe, pour un salaire défiant toute concurrence — et toute raison —, l'emploi de maquettiste sur écran assorti des fonctions de responsable informatique... Après 8 ans, je peux dire sans craindre de me tromper beaucoup que, bien que je nourrisse toujours à leur égard une affection réelle, travailler avec mes frères a été, de loin, la décision la plus désastreuse de toute mon existence, entraînant un climat familial délétère et occasionnant de nombreuses tensions. L'éloignement de mes amis les plus fidèles ne m'a pas permis de trouver, dans leur soutien chaleureux, l'équilibre émotionnel qui me manquait et c'est tout naturellement que mon caractère s'est assombri au fil des ans, me plongeant peu à peu dans une forme de mélancolie chronique proche de la dépression. Passionné de poésie, de théâtre et de musique classique, je participe depuis quelques temps à un atelier de pratique théâtrale qui me procure à la fois un grand plaisir et un mieux-être évident. Je m'intéresse également à la photographie (de nombreuses expositions de qualité sont proposées par une association locale) et, de temps à autres, répondant à un besoin urgent de partager une pensée ou un sentiment, il m'arrive d'écrire. J'y ai d'ailleurs plus de succès qu'à l'oral où ma timidité naturelle m'empêche d'exprimer clairement mes émotions. Au final, je dirais de moi-même que je suis un individu infiniment ordinaire, dont l'aspiration au bonheur, bien que primordiale, ne l'est pas moins.

Abordons la question qui fâche... Autant être parfaitement honnête : sans être définitivement repoussant, mon physique n'a rien d'avantageux et ne répond en rien aux critères médiatiques et sociaux. Je suis corpulent (un peu plus de 100 kg) et ce surpoids me cause de nombreux complexes. Je suis assez grand (1,78 m), blond, avec un regard attentif et un visage qu'on s'accorde à reconnaître jovial et expressif (le côté jovial est soumis à de sérieuses réserves et tient sans doute autant aux circonstances qu'à ma rondeur). Je n'aime pas mes mains, courtes et grasses, dont on ne distingue pas le réseau veineux. N'ayant ni torse puissant, ni muscles abdominaux apparents à mettre en évidence, je ne ne m'épile pas comme font certains hommes. Il faut croire que je ne suis pas un bon exemple de la modernité, comme l'indique mon style vestimentaire. J'use souvent mes vêtements jusqu'à la trame avant que me vienne l'idée d'en changer. J'ai d'ailleurs horreur du shopping que je considère comme une perte de temps. On aura compris que je ne m'aime pas beaucoup et que, dans cette optique, toute tentative de ma part pour me le dissimuler s'apparente à un mensonge. Je n'aime pas les mensonges.

Je ne cherche rien de très extravagant. Mon idéal de bonheur est, somme toute, d'une grand simplicité et mon fantasme le plus violent consiste d'ordinaire à m'imaginer, au terme d'un pique-nique au bord de l'eau, dormant dans l'ombre des arbres, la tête posée contre la poitrine de celui que j'aime, ou — c'est une variante — le regardant dormir, paisible, et sentant sa poitrine se soulever doucement sous ma main. Voilà pour la rêverie. Pour le quotidien, je souhaite seulement rencontrer un homme dont l'amour que j'aurais pour lui s'inscrive dans le cadre d'une relation durable, faite d'échange et de partage. Je ne cherche pas quelqu'un qui me complète, mais quelqu'un qui me comprenne, quelqu'un qui soit simplement là pour moi et pour qui je serais là également sans qu'il soit question pour autant d'interdépendance. D'un point de vue purement pratique, il serait sans doute souhaitable qu'il n'habite pas trop loin de mon lieu de vie. Si mon objectif est de vivre à présent la vie dont je me suis trop longtemps privé, l'abandon des miens, au moment où ils ont le plus besoin de moi, n'est ni envisageable, ni même seulement négociable. Je n'ai jamais pensé que l'égoïsme soit un préalable au bonheur, bien au contraire. Voilà. Si, en dépit de ce tout ce que j'en ai dit, vous persistez à vouloir me connaître, vous savez ce qui vous reste à faire.