dimanche 12 janvier 2003

Beethoven et le disco

J’avais sept ans. En dépit d’une enfance heureuse, presque idéale, il me faut toujours faire un effort pour faire remonter quelques images de ce passé déjà lointain, ou qui me semble tel. Des images souvent floues et dont, jusqu’à ma mort sans doute, je douterai si elles sont miennes ou si je les ai reconstituées d’après les anecdotes racontées par mes proches.
À l’annonce de la mort de Maurice Gibb, ce matin, une image pourtant est revenue, une image et une musique. L’image, c’est celle de la couverture de l’album Saturday Night Fever sorti en 1978. La musique, c’est celle de A Fifth Of Beethoven, un morceau de Murphy Walter qui figurait sur cet album. Il y a des fois, ça remonte, on ne sait pas trop pourquoi.

Je me souviens nettement de cette arrivée de Beethoven et du disco dans ma vie. Je ne devais revenir à la cinquième que quelques année plus tard et pour ne plus la quitter. Quant au disco… Le disco avait été une révolution pour le petit homme que j’étais et qui se tapait Midi Première tous les jours, à l’heure du déjeuner. La débauche de lumières multicolores et de boules à facettes m’enchantait. Les tenues excentriques des chanteurs aussi. Bientôt Sheila, la Sheila de L’École est finie, allait faire danser la France entière sur le kitschissime Spacer. Bientôt mon enfance serait finie, sur un de ces chagrins d’enfant dont on ne se remet jamais vraiment.

Je dois aux Bee Gees des souvenirs heureux, des souvenirs sur lesquels je n’ai plus aucun doute. Je réécoute How Deep Is Your Love comme Proust croquait sa madeleine. On a l’enfance qu’on peut. Mais je jure qu’aujourd’hui encore, quand j’entends le début de la cinquième, l’image fugace de ces trois hommes en blancs sur la couverture de cet album perdu traverse mon esprit, avant de s’évanouir trop vite vers mes sept ans rêvés.


Aucun commentaire: