dimanche 9 février 2003

Comme Icare

« Dieu dit : Que la lumière soit et la lumière fut.
Dieu vit que la lumière était bonne,
et Dieu sépara la lumière et les ténèbres.
Dieu appela la lumière jour et les ténèbres nuit.
Il y eut un soir et il y eut un matin : premier jour. »


Genèse, I, 3-5. Trad. La Bible de Jérusalem, éd. du Cerf, 1973.




Une nuit vient. Les cuivres du couchant, qui effrayèrent mon bien-aimé, étendent leurs rayons sur le monde. Le silence de la nuit est plein de ces petites peurs qui se murmurent mon nom entre elles et qui, dans un écho de ma pensée, font toutes ensemble un bruit plus grand que celui de la mer. Les drapeaux et les hommes se lèvent, et la nuit vient, comme une ombre soudain définitive, une noirceur de l'âme, comme un malheur.

C'est le moment pour être heureux. On s'oppose à la nuit comme on peut, je suppose. Un amour qu'on froisse dans ses draps, une prière pour le matin…

Il y avait un beau soleil pourtant, un vrai soleil d'hiver qui chauffe à peine à travers l'air glacial. Qu'est-ce qu'ils ont tous avec l'été ? Un soleil d'été, c'est comme un glaçon sur la banquise. Mon beau soleil d'hiver, lui, je ne peux pas le rater. C'est ma caresse des grands froids, une petite chaleur volée derrière la vitre.

L'hiver nous promet tant ! C'est du printemps qui dort, des jupes courtes sur des cintres, des fleurs à éclore, des avrils délicieux et des tournoiements enlacés dans les soleils de mai.
Il faut voir comme c'est beau cette rumeur légère derrière les drapeaux, par-delà la mort même, tous ces printemps qui viennent après la pluie, après la peur, après l'orage.

Il faudra bien qu'un jour le jour se lève.

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